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Le Site Archéologique
Située dans la vallée du Rhône, à une trentaine de kilomètres en amont de Lyon, la commune de Saint-Romain-de-Jalionas recèle de nombreux témoins d’un riche passé. A l’écart du village actuel, en bordure du marais du Grand-Plan, la clairière du Vernai où ne subsiste actuellement que l’église paroissiale et son cimetière, conserve ainsi les restes d’une très vaste villa antique.
 
Depuis sa découverte en 1967 plusieurs chantiers de fouille y ont été conduits. Bien que la plupart aient dû être rebouchés, certains vestiges récemment restaurés sont encore visibles: les abords immédiats de l’actuelle église, un secteur thermal et un bâtiment d’exploitation peuvent notamment être découverts.
Malgré de fortes contraintes liées à la proximité du marais, les hommes se sont succédés en ces lieux depuis au moins 4000 ans.
Si les occupations les plus anciennes sont encore très mal connues, il a néanmoins été possible d’identifier une grande ferme d’époque gauloise.
 
Si ses bâtiments construits avec des matériaux périssables n’ont laissé que des témoins ténus elle semble toutefois avoir été la propriété d’un aristocrate puissant. Vers 40 avant J.-C. cet ensemble de tradition gauloise laissera la place à une première villa dont le modèle et les techniques de construction sont importées du monde méditerranéen.
 
Cet établissement se transformera dès le début de l’ère chrétienne en un véritable palais rural s’étendant sur 13 hectares. Après une phase de prospérité couvrant toute l’époque romaine, la villa disparait au Ve siècle pour faire place à une autre exploitation, plus petite et moins luxueuse mais riche pour l’époque.
 
Cette demeure, est étroitement associée à une chapelle à l’origine de l’église paroissiale actuelle. Au IXème siècle, à proximité immédiate de celle-ci, des maisons paysannes très frustres sont édifiées sur les ruines des résidences précédentes. Ce hameau sera éphémère et disparaitra au XIe siècle pour des raisons inconnues.
 
La dernière occupation majeure date du XIVe siècle. Le Dauphin fait alors édifier un château contre l’église pluriséculaire qu’il englobe. Cette fortification sera détruite lors de la guerre entre la Savoie et le Dauphiné vers 1430 et ne sera jamais relevée.
Depuis cette date l’église est isolée au milieu de la clairière, à près de 500m de l’habitat le plus proche.
Jamais remplacé, ce lieu de culte fera l’objet d’importants travaux de restructuration au milieu du XIXe siècle.

Zone thermale de la villa gallo-romaine

Vue du portique 

Une Résidence Luxueuse : Ce site est remarquable par la taille de l’habitat réservé au maître et à sa proche famille. Ce secteur résidentiel de près de 2ha, en grande partie recouvert par l’église et le cimetière, est encore mal connu. Il faut restituer une vaste construction organisée autour de cours ou jardins. Les fouilles ont porté sur l’extrémité sud de l’habitat, au pied de l’église où une pièce chauffée de 6 m de côté est présentée mais surtout sur un bâtiment thermal retrouvé à 50m au nord-ouest. Le parcours traditionnel du baigneur passant d’une pièce froide dotée d’un bassin à une pièce tempérée puis à une étuve est ici illustré. Plusieurs autres espaces annexes - salle de massage, vestiaires…- ont par ailleurs été fouillés immédiatement au sud et à l’est mais sont aujourd’hui remblayées. A l’ouest, contre les thermes, une galerie en L ouverte par une colonnade donnait sur une cour d’agrément au centre de laquelle était aménagée une piscine ouverte longue de 20m et large de 6m. La plupart des matériaux ayant été récupérés, il est actuellement difficile
Une Grande Ferme : La villa est aussi le cœur d’une grande exploitation agricole. Son domaine, d’une surface estimée à 1500ha, incluait des terrains aux potentiels variés permettant une grande diversité de productions. Si la céréaliculture (blé et orge) ainsi que l’élevage (porcs et surtout bœufs) représentent dans un premier temps l’essentiel des revenus, on observe, à partir du milieu du 1er siècle de notre ère, l’apparition d’autres activités plus rentables. La culture de la vigne mais aussi du noyer occupent ainsi progressivement une place de plus en plus importante. Le secteur économique s’étend sur près de 10 ha de part et d’autre de la rivière Girondan. On y trouve des jardins, des espaces artisanaux et des bâtiments agricoles dont l’un est restauré. Située au bord du Girondan, cette resserre de 55m², dont seules les fondations étaient en pierres maçonnées, était essentiellement bâtie en bois et torchis. Les murs intérieurs, qui aujourd’hui dessinent un plan en damier, ne délimitaient pas des pièces mais servaient à soutenir un plancher sur vide sanitaire. L’organisation des espaces de production et de stockage demeure mal connue. Si les photographies aériennes montrent notamment un grand grenier, la plupart des activités n’ont laissé que des traces ténues. Ainsi la forge, le travail de l’os ou la production de charcuteries ne se matérialisent plus que par leurs déchets ou par quelques outils. Le nombre d’esclaves -domestiques, paysans ou artisans– travaillant en ce lieu ne peut être évalué.

Après la Villa : Au IVe siècle, l’extrémité sud-est de la partie résidentielle est modifiée. . Une abside en arc de cercle est alors ajoutée à une grande pièce transformée en nef pour créer une chapelle réservée au maître de maison. Ce lieu de culte non seulement survivra à la villa mais, au VIe siècle, sera doublé par une nouvelle chapelle à chevet carré. Le cimetière qui lui est associé reçoit alors les habitants du grand habitat retrouvé à proximité, sur les ruines de la villa. Au XIe siècle, après la destruction de celui-ci, l’église et son cimetière deviennent paroissiaux. Sa nef est alors agrandie et flanquée d’un clocher. Le cimetière accueille la population paysanne des alentours; 180 corps, souvent très jeunes et présentant souvent des séquelles de carences alimentaires ont été dégagés aux abords du chevet. Au XIVe siècle, l’église sera englobée dans un château construit par le Dauphin afin de sécuriser cette frontière. Cette fortification, dont il ne subsiste qu’un pan de mur adossé à l’église, sera détruite en 1430 lors de guerre delphino-savoyarde. L’église redeviendra alors jusqu’à nos jours le lieu de culte paroissial. Elle sera profondément remaniée au milieu du XIXe siècle par l’ajout d’une nouvelle nef perpendiculaire à l’ancienne église qui devient un transept.

Reconstitution de la villa au IIème siècle apr J.-C.

Dessin: Yves Juvin

Reconstitution du bâtiment de service situé au bord du Girondan.

Droits Réservés

Chapelle du IV ème siècle.

Photo: Robert Royet

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